AVEC TOUT LE MONDE QUAND JE SUIS SEUL.E
PIèce de théâtre éducative
Thaïs a 14 ans, et elle va rentrer en troisième. C’est une collégienne comme les autres : elle vit avec sa maman, fait du tennis avec sa meilleure amie et a de bonnes notes.
Thaïs a 14 ans, et elle vient de recevoir son premier téléphone. Grâce à lui et aux réseaux sociaux, elle va pouvoir dire haut et fort qu’elle existe. Likes et followers; Thaïs plonge, sous le regard de ses proches démunis, dans un monde virtuel qui ne tardera pas à la déconnecter de la réalité.
Depuis les premiers symptômes jusqu'à la crise, chaque étape de son parcours se déroule sous nos yeux, nous met face à notre propre consommation et pose une question cruciale:
Comment grandir sereinement dans un monde sur-connecté?
texte / mise en scène / interprétation : montaine fregeai, inès latorre & chloé riols partenaires : l’interco de l'eurre en normandie et la ville de cosne sur loire représentations : en tournée dans les Collèges et lycées de France depuis septembre 2022
intention
En une vingtaine d'années, le téléphone s’est greffé à nos mains pour venir combler nos moindre besoins. Nous sommes sur-connectés les uns aux autres, les uns à côté des autres et pourtant, un sentiment de solitude perdure. Son arrivée dans nos vies a été tellement fulgurante et incontrôlée qu’on en découvre aujourd’hui les bienfaits et les méfaits au compte goutte, avec pour cobayes les jeunes générations qui naissent avec.
À travers un travail de recherche approfondi (lectures, podcasts, témoignages, entretiens avec des professionnels en addictologie), nous avons découvert que le nombre d'adolescents accros aux écrans ne cessait d'augmenter. Et on les comprend. Même nous, adultes, nous peinons parfois à nous en détacher.
Comment avoir confiance en soi alors qu'internet nous donne accès au jugement de 2 milliard de personnes ?
Comment réguler la consommation de son enfant alors nous sommes nous-mêmes de plus en plus sur notre smartphone ?
Nous est alors venue l’idée de parler de cette difficulté à trouver l’équilibre, à donner la juste place à cet objet omniprésent dans nos vies.
Dans un décor minimaliste, nous racontons l’histoire de Thaïs dont les relations se dégradent les unes après les autres au profit d’un unique objet : le téléphone. Sa famille, ses amis, ils ne la comprennent plus. Le téléphone, c’est la réponse à toutes les révolutions internes qui la traversent. Les tableaux s'enchaînent et développent ce que peut vouloir dire, être adolescent dans un monde où les univers virtuels toujours plus attractifs rendent le réel fade et ennuyeux.
Avec tout le monde quand je suis seul.e, c’est l’envie de parler et de comprendre une jeunesse en quête d’identité, baignant entre jeux vidéos et images retouchées. C’est parler de la place du téléphone dans ses relations, dans sa construction identitaire. Mais c’est aussi parler de l’importance des amitiés, de sa difficulté de communiquer avec les adultes et surtout de son besoin inconditionnel d’écoute et d’amour que le téléphone ne saura jamais remplacer.
pièce de théâtre
Lucie est enlevée et tout un village la laisse disparaître, se transformer. Après dix années de silence, trois jeunes femmes se retrouvent, à la demande de l’une d'elles. Des souvenirs douloureux remontent. Comment ont-elles grandi loin les unes des autres, sans Lucie et dans ce monde qui l’a laissée disparaître?
En voulant ressusciter la mémoire de leur amie, c'est autre chose qui réapparaît. A travers le prisme de l’histoire, une volonté d'écrire la leur.
TEXTE : Nathalie Ebel
MISE EN SCÈNE / INTERPRÉTATION : Nathalie Ebel, Montaine Fregeai, Chloé Riols SCÉNOGRAPHIE : Flora Tonelli CONSTRUCTION : Flora Tonelli & JOSÉ MORIN CRÉATION LUMIÈRE : ALEX BOITTIN MUSIQUE ORIGINALE : ALEX BOITTIN PARTENAIRES : La Maison des Métallos, La générale, La ville de Hossegor, L’ACR de Rugles, Le Landy Sauvage REPRÉSENTATION : LA GÉNÉRALE
INTENTION
La pièce a des allures d'enquête, comme celle que nous avons amorcée. Comme la quête personnelle que chacun entreprend. Nous avons interrogé les codes et schémas à travers les différentes institutions qui firent et font foi au sein de notre société; transmis, assimilés, reproduits, à présent déconstruits. Les femmes ont été minorées et ignorées. Ce constat n’a pas pour vocation d’approfondir le clivage ou blâmer d’indicibles coupables, mais simplement de mettre les choses à plat. Aujourd’hui, à nos libertées reste attachée l’influence de ce qui a longtemps prévalu autant dans les mœurs que dans le droit constitutionnel. La conscience sociale fait qu’il nous est permis de prétendre aux mêmes places. Mais certains facteurs ne nous permettent pas tout à fait de le penser et de le concrétiser. Les coûts d’opportunités et les groupes de références ralentissent l’ascension des femmes aux rôles de pouvoir. Le doute sur leurs capacités relativement à celles d’un homme, réside. Les a prioris restent et peuvent engendrer des dualités ou pousser à se conformer à ces premiers. Ici nous voulons raconter une vision du monde que nous connaissons avec notre vocabulaire.
La fiction nous a aussi aidé à montrer comment une histoire pouvait être racontée, et vue sous différents angles et enfin comment l’Histoire rejoint l’intime. Lucie est une image, celle déformée de la Femme, celle des femmes oubliées de l’Histoire. Le prénom est une référence à la découverte des ossements en Ethiopie qui sont devenus par la suite un symbole de l’humanité et de l'évolution. Bien que Lucy ne soit pas une ancêtre directe, elle représente l’Histoire et nous rappelle qu’après tout, nous venons tous de la même branche.